Sean Landers
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Sean Landers

08.11.12 → 21.12.12

L'élan qui venait du froid !

 

L’élan que voilà est bien étrange. Exposé seul dans la vitrine du n° 65a de la rue de la Régence, le tableau de l’Américain Sean Landers (né en 1962) fait sourire. En cause : son pelage aux allures de tartan écossais.

 

N’y aurait-il pas là quelque affinité avec les inventions d’un certain Magritte de la période vache et particulièrement cette gouache intitulée « Le stropiat » (1948) qui affuble le triple nez d’un fumeur de pipe de ce même tartan. Une ironie ? Un clin d’œil à l’un de ses maîtres à penser ? Oui, mais dans le même temps, le choix de l’élan convoque aussi le caractère dominant de l’animal : la solitude. Pour l’artiste new-yorkais, chaque tableau est un autoportrait. Parfois, il en décline l’ambivalence par l’amoncellement ou l’alignement de mots comme dans les « bibliothèques » présentées au même moment dans la galerie de Rodolphe Janssen. Parfois, comme ici ce sont des animaux qui prennent le relais. Chacun exprime un sentiment, un trait de caractère. Le chimpanzé, qui revient souvent, devient ainsi allégorie de l’auto-glorification. D’autres fois, le peintre a recours à des visages bien réels, déformés, hybrides empruntés au monde des arts ou de la mythologie. Le clown, image de l’abaissement de soi, revient de façon lancinante. Entre application et délire, auto-dérision et angoisse, l’artiste, sur le mode d’images « faciles » (il fût un temps représentant de ce qu’on appela aux Etats-Unis « l’art fainéant »), vise avant tout à provoquer non pas la sympathie mais l’empathie. L’élan, c’est lui.

 

— Guy Gilsoul
Le vif