Planetarium
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Julien Meert

Planetarium

19.01.23 → 18.03.23

Julien Meert
Planetarium
 
Il est des quêtes qui ne nécessitent pas de déplacements. Des mythologies que l’on se raconte seulement à soi, des odyssées qui sont purement intimes.
Dans son recueil de poésie « This Planet is Doomed : The science fiction Poetry », le musicien et poète Sun Ra, qui se considérait comme venu du Cosmos, nous invite et nous dit : « Dans un endroit lointain, à de nombreuses années-lumière dans l’espace, je vous attendrai là où les pieds humains n’ont jamais marché, où les yeux humains n’ont jamais vu. Je bâtirai un monde de rêves abstraits et je vous attendrai. »

 Julien Meert nous convie lui aussi dans une région singulière, peuplée de tableaux-mondes.

Où sommes nous lorsque nous ne sommes pas en nous ? Lorsque nous pensons, rêvons, dormons ? Quelle est cette « réalité » ?

De ces identités multiples qui nous constituent, cette distanciation de soi-même peut revêtir divers aspects à différents degrés : séparation des pensées, du corps entier ou en partie, des sentiments, des sens… On se sent alors spectateur de soi-même, endossant le double rôle d’observateur/acteur.

C’est l’une des caractéristiques de la deuxième exposition de Julien Meert, Planetarium.
 La distanciation, de soi, du monde, du réel, laissant advenir les possibilités d’autres imaginaires. Une infinité de strates investies de caractères picturaux disparates, que nous reconnaissons pourtant très clairement, sans vraiment les connaître.

C’est la réminiscence, au sens conceptuel dans la philosophie métaphysique, ou philosophie de la connaissance selon laquelle l'âme n'apprend rien mais se souvient. L'acquisition de la connaissance doit alors débuter par une re-connaissance.

Et nous re-connaissons Julien Meert. Les fonds bleus caractéristiques de ses autoportraits verticaux ont fait la place dans cette bascule à l’horizontale à des autoportraits-pots de fleur volcans pyramides allées bordées bosquets soi-fesses jambes bras soi-chat baisers soi-pets oiseaux nuits soi-tempête intestines phylactères soi-planète ratures soi-momies soi-comète soi-homme-femme-sirène-hippocampe.
L'héritage philosophique de la Grèce antique pointe une séparation conceptuelle et symbolique entre horizontalité et verticalité". En opérant un basculement de formats dans Planetarium, l’artiste, nous invite non plus dans la sphère humaine (verticale), mais dans la sphère métaphysique, celles des Dieux et du Cosmos (horizontale) [1]. Deux volontés iconographiques distinctes coexistent et agissent parallèlement dans cet espace pictural scénographique et théâtralisé, une zone au sein de laquelle cohabite un ensemble de réalités tangibles, matérielles ou métaphysiques.

Un monde dans lequel coexistent corps physiques et corps éthérés. Un va-et-vient entre l’espace mental des schèmes et celui physique des mots et du langage.
Dans l’univers des jeux vidéos, qu’ils soient d’arcades ou de plateformes, les architectures arpentées nous indiquent une pensée-passage. De la même manière, dans ce que nous nommons « le réel », nous passons sans cesse, d’un terrain à l’autre, d’un espace à un autre, d’une réalité à un jeu de rôle, social, politique, auquel nous nous identifions pourtant.

Les ciels bleus de Julien Meert, ses ciels étoilés, parsemés de comètes et de météores s’animent comme des personnages à part entière, tout autant que les variations de son autoportrait ou les personnages venus d’ailleurs dialoguant dans ses peintures, ses dessins ou ses animations. Planetarium, c’est une aventure picturale, un voyage statique dans une pensée paysage.

E.Pischedda

[1] Thomas Morard, Horizontalité et verticalité. Le bandeau humain et le bandeau divin chez le Peintre de Darius.



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